Museum of the World et les Google Arts and Culture projects

Autrefois seulement accessibles sur le lieu physique, les objets des collections muséales se trouvent désormais de plus en plus accessibles au public par la numérisation et reproduction sur les sites Web officiels des institutions. La plupart des collections muséales élaborées sur ces sites possèdent une base de données permettant de trouver des artefacts selon l’artiste, l’époque ou le sujet. Plusieurs musées ont cette interface simple d’utilisation pour les chercheurs et les curieux. Cela fait partie du concept d’accessibilité des collections; les institutions muséales publiques ou nationales ont généralement la responsabilité de rendre leurs œuvres accessibles, car elles appartiennent à l’État et donc à toute la nation. Alors que les institutions privées peuvent le faire pour des questions de transparence, pour faciliter la recherche ou pour démocratiser un certain savoir (Bertacchini, p.64) . D’autres institutions de type universel, telles que le Louvre ou le British Museum, possèdent des collections provenant du monde entier pour représenter l’ensemble de l’humanité, une idée d’universalisme provenant du siècle des Lumières (Marceau, p.81) . Plusieurs critiqueront cette posture actuellement, car elle leurs collections n’est pas accessible à tous et ont été acquis dans des contextes coloniaux. Évidemment, rendre la collection accessible par le numérique devient une proposition intéressante pour ce patrimoine universel partager à travers le monde.

Dans cette vision de démocratisation de la culture et du savoir, de plus en plus de musées repensent la manière de renouveler leur collection et l’intérêt du public. Cette pensée vient aussi d’un désir de ralentir les emprunts et de mettre en valeur les objets entreposés et acquis par le musée. Surtout avec la situation que créa la pandémie, du ralentissement des échanges d’œuvres et d’artefacts, les musées ont cherché à promouvoir un accès non physique aux œuvres de leurs collections par le numérique (Clerkin, p.165). Cet article tentera d’examiner d’autre façon de promouvoir les collections muséales, d’une manière plus stimulante pour le visiteur virtuel qu’une simple base de données.

Museum of the World

Le British Museum s’est démarqué en créant Museum of the World qui est un site à part entière, créé en association avec le Google Cultural Institute. Le site permet de revisiter la manière de penser les objets de collection muséale et permet la diffusion d’une partie de la collection du British Museum à travers le monde. Les objets de la collection sont classés sous leurs continents d’origine et dans une ligne de temps. La ligne de temps se défile de 5000 BC à notre époque actuelle. Jusqu’ici, cela suit une logique d’exposition des objets traditionnels et chronologiques, mais sous forme virtuelle. L’aspect intéressant de ce site est les rassemblements thématiques créés entre les objets, sous forme de constellation.

Cinq thématiques puissantes ci retrouvent; Art and design, Living and dying, Power and identity, Religion and belief et Trade and conflict. Le visiteur peut alors parcourir la collection selon des thématiques intéressantes, qui font des liens originaux entre elles. Par exemple, en choisissant le thème Power and identity, l’on se retrouve devant une constellation d’objets provenant d’époque et de lieu différent en débutant par un objet sacré de la Papousie Nouvelle-Guinée du 20e siècle et peut reculer dans le temps sous cette thématique jusqu’en 3000 BC, mettant en scène une tablette d’écriture sumérienne. Entre ces deux objets, une multitude d’autre se font lien. Les liens peuvent se faire autant par l’esthétique de l’objet, que par son sujet, son histoire ou son usage. Chaque objet possède une fiche descriptive, une photographie et un court audioguide sur l’objet par un spécialiste. Sur cette fiche l’on peut aussi voir le lieu d’origine exact de l’objet avec une image et un lien vers Google Map et d’autres images d’objets qui pourraient intéressé/faire des liens avec celui-ci. Cette manière originale de faire des liens « autres » amène une multitude d’options sur la façon de présenter les collections. Contrairement à une base de données banale, le visiteur peut se perdre dans la ligne de temps, apprendre et s’émerveiller des objets.

Capture d’écran 2021-03-16 142828

Les *Google Arts and Culture projects

Cette manière de penser la collection fait partie aussi d’un mouvement muséal ludoéducatif, qui utilise les médias pour créer une expérience spectaculaire réunissant le divertissement, l’esthétique, l’évasion et l’éducation (Courvoisier, p.206). L’un des exemples emblématiques de cette vision est l’application sur téléphone et les projets de Google Arts and Culture. En premier lieu, Google Street Views est largement utilisé pour les visites virtuelles d’expositions et l’on retrouve tous les grands musées internationaux sur leur site. Mais ce site web va au-delà de la visite d’exposition ou de lieu historique; c’est un véritable créateur de contenu ludique et éducatif par l’utilisation d’œuvre et d’artefacts de collections muséales. Parmi les nombreux projets, l’on retrouve plusieurs utilisations de filtre pour des égoportraits, juxtaposant l’autoportrait à une œuvre d’art. La plus connue est surement celle qui compare votre visage à une œuvre d’art lui ressemblant. Cela peut sembler ridicule et les critiques peuvent dénoter le caractère un peu « dysneifiant » de cette pratique (Courvoisier, p.204). Toutefois, un aspect important s’en dégage; il attire une autre sorte de public qui après avoir fait l’expérience de l’autoportrait, majorité d’entre eux irons lire les renseignements sur l’œuvre s’y juxtaposant.

Certains projets sont destinés davantage pour les jeunes alors que d’autres s’adressent à un public savant. Par exemple, un de leur projet inspiré de l’Art-thérapie permet de colorier des œuvres célèbres, ce qui s’adresse à un jeune public. Mais il s’y trouve aussi des vidéos immersive sur des oeuvres d’arts, ou l’on se trouve plongée dans l’œuvre et ou l’on apprend par un audio-guide sur l’artiste, l’époque et la thématique de l’œuvre. Donc davatange créé pour un public érudit. Ce qui est sur, c’est que la manière virtuelle de présenter les œuvres dépasse les contraintes traditionnelles d’expositions. D’autre projet de Google Arts permet de voir une vue 3 dimensions sur des artefacts ou encore une précision du détail dans les œuvres, de qualité remarquable.

Capture d’écran 2021-03-17 163239

Le numérique permet de donner une autre vision des objets de collection muséale et une démocratisation du savoir. Toutefois, la présentation des collections virtuelle n’était pas un contexte jusqu’à récemment réfléchi; une simple base de données était accessible aux utilisateurs, ce qui reste très bien pour certaines institutions. Depuis quelques années et davantage à cause de la pandémie, les projets sur les collections démontrent une originalité qui permet de dépasser la réalité. Selon moi, pourquoi représenter la collection de la même manière qu’on le ferait dans une exposition? Pourquoi ne pas saisir l’opportunité que nous offre le numérique pour créer des mondes imaginaires, créatifs, éducatifs et interrelationnels sur les objets de collection? Les possibilités des collections en ligne ouvrent de nouvelles voies sur la manière de créer du contenu scientifique, donc pourquoi ne pas en profiter?

BIBLIOGRAPHIE

BERTACCHINI, Enrico and Federico MORANDO, “The future of Museum in the Digital Age: New Models for Access to and Use of Digital Collections”, International Journal of Arts Management, Winter 2013, Vol.15, No.2, pp.60-72

CLERKIN CHIEN, Caitlin and Bradley L. TAYLOR, “Online Encounters with Museum Antiquities”, American Journal of Archaeology, January 2021, Vol.125, No.1, pp.165-175

COURVOISIER, François H., « Le marketing des lieux d’exposition, du musée au parc d’attractions », dans Les lieux d’exposition et leurs publics, V. Kobiet th. Schmutz (éds.), L’Atelier, Vol.6, pp.203-227

MARCEAU, Cécile, « De l’éthique de la collection : l’universalité en question », Museum International, Septembre 2007, No.235, pp.78-85